Les volontaires Fidesco sont témoins de situations de pauvreté et de souffrance extrêmes. Face à cela, l’espérance est ce qu’ils peuvent apporter de plus urgent et de plus précieux. L’espérance, ce n’est pas l’espoir humain, mais c’est ce qui demeure même quand les solutions humaines semblent avoir atteint leurs limites. C’est bien dans une démarche d’espérance que les volontaires partent servir et vivre avec les plus pauvres, mais bien souvent ce sont les personnes avec qui ils vivent au quotidien, les pauvres eux-mêmes, qui témoignent de leur espérance aux volontaires.
Pierre Cussonet, volontaire à Madagascar
« Je repense souvent à l’accueil vraiment émouvant d’une famille au foyer Manasoa pour les malades pauvres. Ils s’appellent Donnin et Arvel, deux jeunes frères. Ils avaient passé quelques jours au foyer, avec leur maman et son petit bébé. Une fois leur situation arrangée, ils avaient pu rentrer dans leur village de Lokomby, avec l’aide du père Emeric. Mais un soir, alors que je quittais le bureau, j’ai entendu du mouvement et des pleurs. La maman était de retour avec ses trois enfants. Elle, souhaitant recevoir encore de l’aide du foyer, avait fait marcher toute sa famille pendant des kilomètres pour revenir à Tanjomoha. Les enfants n’avaient rien mangé, ils étaient épuisés et boitaient de douleur. La situation étant bien délicate, elle hésitait alors à repartir, mais ses enfants se sont effondrés en pleurs : ils étaient à bout. Ils n’avaient pas d’autre choix que de passer la nuit au foyer. Alors qu’ils commençaient à se diriger vers leur logis pour la nuit, j’ai vu que les deux garçons étaient incapables de marcher, ils n’avaient plus de force. Une dame leur a donné deux paquets de gâteaux, je les ai pris, chacun sur un bras, et les ai conduits jusqu’à Manasoa. Petit à petit, leurs larmes ont séché et ils ont commencé à grignoter leur casse-croûte avant de passer une bonne nuit. Mais l’histoire ne s’arrête pas là : pendant qu’ils avalaient leurs biscuits, d’autres enfants se sont approchés d’eux. Et, alors que personne ne le leur avait demandé, les deux garçons ont partagé ce qu’ils avaient reçu avec leurs nouveaux camarades, sans hésiter. Ce soir-là, j’ai pleuré. Pleuré de tristesse devant la souffrance de ces enfants, et finalement, pleuré de joie devant la leçon qu’ils me donnaient. Cet épisode de la vie à Tanjomoha me fait penser au passage de la Bible où Jésus remarque la vieille dame qui ne donne que deux pièces au Temple, mais ces deux pièces ont plus de valeur que tous les trésors, parce qu’elles sont tout ce qu’elle a. »
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Hélène Viard, volontaire en République Démocratique du Congo
« Entendre la souffrance de ces enfants est un véritable coup de poignard ! Un jour, Jénovic, 14 ans, orphelin, me chante une chanson « rien que pour moi » (comme il le dit) et en français, s’il vous plait, je lui ai demandé ce que représentait cette chanson pour lui (les paroles évoquent l’abandon). Il m’a répondu avec spontanéité qu’il n’a plus de famille et pour ce qui est des amis, il ne fait confiance en personne. Il a ajouté, la gorge serrée, envahi par l’émotion : ‘‘Dieu est mon UNIQUE ami et même plus… MON PÈRE !’’ Son témoignage m’a littéralement bouleversée. Je fais face à la souffrance psychique de ces jeunes mais ce qui est extraordinaire c’est qu’avec leur joie et leurs sourires, ils m’enseignent eux-mêmes l’espérance !
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Nicolas et Marie-Adélaïde Cailleau, volontaires en Colombie
« Dans le contexte actuel si difficile, nous avons été édifiés par le témoignage de nos voisines, Amparo, Lorena et Isabela, la mère, la fille et la petite fille, qui nous louent une partie de leur maison : « Nous souffrons tous de cette pandémie et des conséquences car c’est un évènement complètement inédit pour chacun d’entre nous. D’un point de vue humain, ce qui nous affecte le plus est la distanciation sociale, nous aimons nous toucher, nous prendre dans les bras mais par mesure de sécurité nous ne le pouvons pas. Nous sommes obligées de prendre nos distances avec la famille, ce qui est une souffrance supplémentaire. D’un point de vue économique, la situation n’est plus tenable, tout le monde est bloqué, on ne peut plus travailler. Et l’avenir, quel sera-t-il ? Nous vivons une situation en suspens, qui ne trouve pas réellement de réponse. Ce qui nous reste c’est la foi, une foi forte pour garder le sourire, le courage, la foi en Dieu, c’est elle qui nous porte. Nous sommes tous dans la main de Dieu » nous disent-elles en nous montrant à son cou le Cœur Sacré de Jésus que nous lui avons offert pour son anniversaire.
Bien que beaucoup de choses soient incertaines pour la suite, nous savons plus que jamais que notre place est ici, auprès des colombiens, auprès des enfants handicapés, auprès des personnes âgées, et des personnes de la rue que nous rencontrons. Il est beau de voir comment nous avons pu nous adapter, tout ce qui nous paraissait difficile est finalement devenu notre quotidien ; nous avons appris à aimer, à faire confiance et à garder la certitude que le Seigneur nous voulait ici en famille.